- PURISME (mouvement artistique)
- PURISME (mouvement artistique)PURISME, mouvement artistiqueÀ la veille de la Première Guerre mondiale, le cubisme analytique ou synthétique accuse déjà un certain vieillissement, alors que certaines idées neuves comme le futurisme viennent perturber la quiétude de cette révolution picturale en devenir d’académisme. On avait assisté en 1912 à un regroupement, autour de Jacques Villon (la Section d’or), d’artistes désireux de mettre l’accent sur la construction du tableau. Juan Gris, Marcoussis, Metzinger ont déjà illustré une tendance plus réaliste du cubisme où l’objet ne perd pas totalement son identité formelle, alors que les œuvres de Picasso et de Braque leur paraissent céder à l’ornementation fantaisiste. La dispersion de la guerre accusera plus encore ces divergences. Un peintre, Ozenfant, et un architecte, Jeanneret, jusqu’alors peu engagé dans la peinture (il prendra par la suite le nom de Le Corbusier), publient conjointement, en 1918, leur ouvrage Après le cubisme et organisent une exposition de leurs œuvres. La nouvelle esthétique, nommée purisme, entend renier les déformations du cubisme, ses complaisances décoratives, et appliquer plus «purement» ses premiers principes de construction. L’objet est revalorisé (les tableaux puristes sont des natures mortes avec bouteilles, verres, carafes) tel qu’il est vu et connu par l’expérience quotidienne, et non plus tel qu’il pourrait apparaître sous différents aspects perspectifs représentés simultanément: «Le purisme n’admettra jamais une bouteille de forme triangulaire.» De 1920 à 1925, la revue L’Esprit nouveau divulgue en vingt-huit numéros la conception puriste (arts plastiques, littérature, musique). On voit mieux par les exemples proposés (Cézanne y voisine avec Ingres et Fouquet) en quoi consiste cette rigueur de la forme tout à fait dégagée des termes de pureté et de puritanisme auxquels on a voulu la réduire: «L’œuvre d’art est un objet artificiel [...]. La sensation d’ordre est de qualité mathématique [...]. La syntaxe puriste c’est l’application des moyens constructifs et modulaires» (L’Esprit nouveau , no 4). C’est «un art utilisant les constantes plastiques», considérant le tableau comme un tout organisé par ses constituants mêmes, mais conservant à l’objet son identité formelle, universelle, invariable, standardisée (Jeanneret, Violon, verre et bouteille , 1925; Ozenfant, Nature morte au verre de vin rouge , 1921). La machine, déjà louée par les futuristes, fait figure de modèle de l’esthétique puriste. Peu de peintres adopteront ce credo qui limite le vocabulaire aux profils de bouteilles et de guitares (thèmes cubistes) et aux couleurs ocre, terre et bleu ciel, mais il n’est pas sans influence sur eux (Léger, Le Pont du remorqueur , 1920). Curieusement, c’est l’architecture (encouragée par les recherches du Bauhaus et du Stijl) qui réalise pleinement en la personne de Le Corbusier la formalisation géométrique de l’espace et la standardisation des éléments plastiques et tectoniques que prônait le purisme: «La peinture est chose d’architecture» (L’Esprit nouveau , no 4). L’une des dernières manifestations du purisme sera le pavillon de l’Esprit nouveau à l’exposition de 1925, construit par Le Corbusier et décoré de toiles d’Ozenfant, de Picasso, de Léger, de Gris et de Le Corbusier lui-même.
Encyclopédie Universelle. 2012.